Historique de la spécialité
Ces pages ont pour but de mettre en avant le travail des hommes et des femmes qui ont participé à l’éclosion du parachutisme militaire après la seconde guerre mondiale et plus particulièrement les femmes valeureuses et méconnues des Bases Aéroportées d’Extrême Orient et d’Algérie.
Ce travail, effectué dans l’ombre, fait partie de la spécialité des matériels de parachutage et de largage.
C'est en 1935, en URSS, que naît le parachutisme militaire français.
Ce sont des moniteurs soviétiques qui forment les tout premiers paras français. Le stage a lieu à Touchino, dans la banlieue de Moscou, du 16 mai au 16 juin 1935.

Après guerre, l'entretien des matériels de parachutage et de largage est d'abord assuré par des personnels des unités parachutistes.
Il faut attendre le rattachement des unités parachutistes à l'armée de l'air, en août 1945, puis la création du Centre école des troupes aéroportées (C.E.T.A.P) à PAU, le 16 avril 1946, pour que soient reconnus les spécialistes chargés de l'entretien des parachutes.

C’est le 1er mai 1946 que naît la spécialité des matériels aéroportés avec la création à Montauban de la 25ème Compagnie d' Entretien des Parachutes (C.E.P.).
En 1947, après avoir changé plusieurs fois d’appellation, elle s’installe dans l’enceinte du parc d’artillerie de Montauban, plus connu sous le nom du quartier de l’Arsenal.
Les MATPARA y resteront jusqu’en 2004, que ce soit au sein de l'Établissement de Réserve Générale des Matériels (ERGM ALAT/Aéro), de l’ETAMAT de 1994 à 1999, ou de la 11ème BSMAT.

Indochine :
En 1947, la guerre s’était bien installée sur l’ensemble du territoire. Les effectifs en combattants et en matériels augmentent.
À l’arrivée de la 25ème division aéroportée, des sections d’entretien et de pliage (les fameuses SEP) sont créées avec des personnels féminins spécialisés appartenant au service du Matériel, pour rendre le personnel masculin disponible dans les bataillons. Les parachutes étaient pliés et entretenus dans les SEP. Il y avait une SEP par base principale à Saigon et à Hanoi.
De 1949 à 1952 le soutien technique et logistique des troupes aéroportées d’Indochine fut complètement assuré par le service du Matériel.
Un atelier de réparation de parachutes à Saigon pour la Base Aéroportée Sud (BAPS) et un atelier de réparation à Hanoi pour la Base Aéroportée Nord (BAPN).À Dien Bien Phu, les plieuses ont plié pendant quatre mois, nuit et jour. Elles « fonctionnaient » au café fort et au maxiton. Les « paras » les attendaient en bout de table pour prendre leur parachute et s’équiper.
Certains n’ont jamais sauté, ce sera leur premier saut et peut-être le dernier. Dans les derniers jours du camp retranché, elles devinrent couturières. À chaque opération, un sous-officier et un parachutiste de la SEP sautaient avec le bataillon pour la récupération des parachutes.

Afrique du Nord :
En 1947, il y avait une SEP, la 191ème SEP, à Philippeville. Elle assurait le soutien du 1er Bataillon de Chasseurs Parachutistes et du Centre Ecole du Saut numéro 1.
Les réparatrices renforcent les masculins au pliage lorsqu'une grosse campagne de sauts est organisée. Lorsqu'il est fait appel à elles, elles effectuent le pliage de nuit, après leur rendement réparation de jour.
En 1955, la 191ème SEP devient une unité administrative de la Base Aéroportée d’Afrique du Nord. Devant l’accroissement de ses effectifs, du fait des retours d’Indochine, elle devient 191ème Compagnie de Réparation et d’entretien des Parachutes (191ème CREP).
Transférée à Alger en 1958, elle prend l’appellation de 191ème Compagnie Moyenne de Réparation des Parachutes (191ème CMRP). Cette unité, qui forme corps, est l’unité de soutien du niveau 3ème échelon pour les unités en Algérie.

Elle participe à onze opérations aéroportées, la dernière étant celle de Bizerte.
Le 13 mai 1961, elle fait mouvement vers Blida, où elle est implantée jusqu’à son retour en métropole. Elle est installée à côté du camp LEGRAND, dans lequel se trouve une autre unité MATPARA : la SEPP du Groupement de Livraison par Air n°2, où sont pliés tous les parachutes nécessaires aux opérations.
En 1962, la 191 est rapatriée en métropole à Montauban et elle sera dissoute le 31 janvier 1967.

Pendant toute cette période de conflit, et jusqu’en 2004 l’ERGM Aéro de Montauban, implanté dans le quartier de l’Arsenal, a tenu son rôle de maison mère des MATPARA avec brio.
Il a assuré la formation de tous les spécialistes français et étranger, la réparation du niveau NTI3, l’approvisionnement en rechange, le stockage et la Marque des matériels de parachutage et de largage.

On ne peut pas évoquer l’histoire de la spécialité sans citer les unités MATPARA qui ont fait le renom de la spécialité.
En métropole:
- À Toulouse, au sein de la BOMAP (Base Opérationnelle Mobile Aéroportée) puis du 1er RTP jusqu’ en 2008.
- À Pau, au sein de la BETAP (Base École des Troupes Aéroportées) puis de l’ETAP (École des Troupes Aéroportées) jusqu’en 2002.
- À Metz, au sein du GLA (Groupement de Livraison par Air) puis du RLA (régiment de Livraison par Air) jusqu’en juin 1997 et au sein de l’ERM, où il y avait un atelier de réparation qui soutenait le RLA et le 13ème RDP (Régiment de Dragon Parachutiste), jusqu’en 2004.
- À Orléans-Bricy, au sein de la SSV (Section de Saut en Vol) puis du CNIP (Centre National d’Instruction Parachutiste) jusqu’en 1998. Il y avait aussi un atelier de réparation, détaché de Montauban qui a fermé en 1998.
- À Orléans-Bricy, au sein du CASV (Centre Air de Saut en Vol).
- À Cercottes, au sein du CPES (Centre Parachutiste d’Entraînement Spécialisé).
- À Calvi, au sein du 2ème REP (Régiment Étranger Parachutiste).
- A Lorient, au sein du DTMPL (Détachement Technique de Maintenance Parachutage Largage) des commandos marine.

Au sein des forces de souveraineté :
Les missions génériques des forces de souveraineté sont de protéger le territoire national, défendre la souveraineté de l'État dans ses eaux territoriales et sa zone économique exclusive, soutenir l'action des services de l'État dans les collectivités territoriales d'outre-mer, favoriser la coopération militaire bilatérale avec les pays de leur zone de responsabilité.
- Au sein du 2ème RPIMa à Madagascar jusqu'en 1976, puis à La Réunion,
- Au sein du RIMAP-NC en Nouvelle-Calédonie.

Au sein des forces prépositionnées :
En 1965, la réorganisation des forces stationnées outre-mer amène à regrouper les éléments de toutes les armes et de tous les services au sein d’un même régiment. C’est ainsi que sont créés les Régiments Interarmes d'Outre Mer (RIAOM).
- Sénégal au sein de la SLA du 1er RIAOM jusqu’en 1974.
- Tchad, au sein de la SLA du 6ème RIAOM jusqu’en 1975.
- République de Centrafrique avec les Eléments Français d’Assistance Opérationnelle jusqu’en 1998.
- Gabon, au sein du 6ème RIAOM puis du 6ème BIMa.
- Djibouti au sein de la 13ème DBLE puis du 5ème RIAOM.

Au titre de l’Assistance Militaire Technique (AMT) :
L’Assistance Militaire Technique, qui a débuté en 1960, a pour mission d’aider les états qui en on fait la demande à acquérir, servir et entretenir les moyens nécessaires à leur défense.
- Au Burundi de mars 1972 à septembre 1974.
- Au Congo Brazzaville de novembre 1989 à avril 1990.
- Au Gabon de 1971 à 1999, avec une mise en sommeil de 1992 à 1995.
- En Haute-Volta de 1969 à 1986.
- En Mauritanie de 1970 à 1990.
- Au Niger de 1967 à 1972.
- En République Centrafricaine de 1981 à 1997.
- Au Rwanda de 1980 à 1994.
- Au Tchad de 1972 à 1979.
- Au Togo de 1978 à 1986.
- Au Zaïre de 1977 à 1991.


Au titre des opérations :
Depuis 1946, dans les opérations aéroportées, il y a toujours eu un ou plusieurs Matpara engagé pour le conditionnement des parachutes à personnels et à matériels ainsi que pour la récupération des matériels de parachutage et de largage sur les zones de saut. Voici quelques opérations auxquelles ont participé des Mapara.
- L’ opération Mousquetaire. Cette opération est une opération franco-britannique qui, en 1956 vit des unités des deux pays intervenir pour libérer le Canal de Suez, nationalisé par le colonel NASSER, (raïs d’Égypte.).
- L’opération Tacaud. L’opération se déroule entre février 1978 et mai 1980 au Tchad. Le 17 février 1978, Faya-Largeau est prise par les bandes rebelles du FROLINAT qui progressent sur plusieurs axes en direction de la capitale tchadienne, N’djamena. La France décide l’envoi de forces militaires pour soutenir l'armée régulière tchadienne.
- L’opération Bonite. L’opération Bonite au Zaïre a été déclenchée, le 19 mai 1978 pour délivrer des otages européens retenus dans la ville minière de Kolwezi par des rebelles Katangais. Si l’opération réussit à libérer des otages avec des pertes militaires légères, elle ne peut empêcher le massacre de 700 Africains et de 170 Européens.
- L’opération Baumier. À partir du 22 septembre 1991, le Zaïre connaît une vague de violences et de pillages sans précédent qui embrasent l’ensemble du pays. Le 23 septembre, cette folie destructrice s’étend à Kinshasa. Très rapidement, les quartiers résidentiels de la Gombé, de Binza et de Macampagne sont menacés. Rien n’arrête les pillards qui se déchaînent suivis par la population. Les expatriés, surpris par la brutalité des événements, ont des difficultés à rejoindre les points de regroupement. Les communautés françaises et étrangères sont menacées, l’opération Baumier est déclenchée par la France.
- L’opération Barkhane. Lancée le 1er août 2014, Barkhane est une opération conduite par les armées françaises. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina-Faso. Elle vise en priorité à favoriser l’appropriation par les pays partenaires du G5 Sahel de la lutte contre les Groupes armés terroristes (GAT), sur l’ensemble de la Bande sahélo-saharienne (BSS). Cette logique de partenariat structure les relations entretenues par Barkhane avec les autres forces engagées dans le processus de stabilisation au Mali : la MINUSMA, l’EUTM Mali et les Forces armées maliennes (FAMa).

La suspension de la conscription :
En 1996, lorsque le président de la République a décidé de professionnaliser les armées, un grand nombre d'unités ont disparu. Il a fallu repenser l’organisation de la spécialité afin de compenser la diminution des effectifs.
C’est ainsi que la Cellule de Maintenance Automatisée des Parachutes (CMAP) a vu le jour en 2004 dans l’enceinte du quartier capitaine VERGNES à Montauban. Toutes les activités de pliage, de réparation, de stockage et de formation y sont désormais concentrées pour éviter les éparpillements coûteux en effectif et en argent. L’outil a été modernisé afin de maintenir une sécurité optimum avec moins de personnels. C’est désormais le détachement de Montauban du 3ème RMAT qui assure toutes ces missions.

Pour résumer :
Nous sommes fiers de nos aînés, de ces hommes et de ces femmes, civils et militaires,
qui en métropole comme en opérations ont œuvrés dans l’ombre,
pour la sécurité des parachutistes et pour le succès des Troupes Aéroportées.
Ne les oublions pas.
Donateur: COLOM Gérard - 234